Le Drame de l'Hellénisme, c'est un siècle d'histoire de la Grèce
moderne. Commencée en 1821, début du grand Combat pour la
libération nationale, dans l'exaltation d'un Chant de Guerre aux
accents universalistes, ponctuée d'éclatants triomphes et d'humiliants
échecs, cette histoire prend fin en 1922, dans la rade de Smyrne
incendiée par les Turcs, quand, avec les derniers représentants de
l'Hellénisme oriental millénaire, expire le rêve brisé de la Grande
Idée. De Kolettis à Vénizélos, des guerres de Macédoine aux Guerres
balkaniques, prélude à la Grande Guerre, mais aussi de Solomos à
Séféris, l'auteur renoue le fil de cette histoire méconnue : celle d'un
peuple fier, frustré dans ses ambitions nationales, en quête permanente
d'unité et d'identité, prompt à s'enflammer au souvenir de sa gloire
passée, mais toujours dominé et ramené à la raison par ses puissances
tutélaires, tour à tour bienveillantes et cyniques, amicales et
trompeuses, protectrices et perverses. Il en fait émerger la figure de Ion
Dragoumis, écrivain, diplomate, homme politique, né en 1878 et mort
en 1920, qui, à la charnière de deux mondes, incarna un moment-clé
de la conscience nationale grecque, portant haut les valeurs de
l'Hellénisme. Fervent disciple de Barrès et principale figure du
nietzschéisme grec, Ion Dragoumis, prophète d'un nationalisme non
orthodoxe, ne cessa d'approfondir sa réflexion sur l'identité grecque,
et bien que sa tentative demeure en définitive aporétique, elle constitue
paradoxalement, dans la radicalité même de son questionnement, l'une
des plus riches, des plus abouties de la littérature néo-hellénique.