La justice chez Victor Hugo est abordée le plus souvent à partir de son combat contre la peine de mort et réduite aux questions pénales. Sans renier l’importance de ces questions, l’ouvrage les met en perspective dans une vision élargie. Les combats de l’écrivain sont ainsi replacés dans l’histoire de la justice et du XIXe siècle, autour du point de bascule radical opéré par la Révolution française. Son œuvre, en dialogue avec certains de ses contemporains (De Maistre, Michelet, Balzac, Sand, Barbey d’Aurevilly), trouve un éclairage nouveau grâce aux travaux les plus récents des historiens du droit et de la justice. Le corpus ne se limite pas aux récits les plus connus (Le Dernier Jour d’un condamné, Claude Gueux, Les Misérables) ni aux discours publiés par l’écrivain, mais envisage toute l’œuvre, théâtre, poésie et certains dessins. Loin des idées reçues sur l’abstraction du poète philosophe, l’on découvre que Victor Hugo possédait une connaissance technique du droit. Si le refus de la peine de mort demeure central dans son œuvre, il s’est intéressé également aux questions civiles, dans une pensée générale du « droit » et de la « loi » qui dérange (Peut-on juger ? Doit-on châtier ?) tout en proposant une forme inédite d’autobiographie qui anticipe sur les « témoignages » du XXIe siècle.