Le droit naturel pour le meilleur et pour le pire
Depuis que les hommes édictent des lois, ils cherchent à en assurer la légitimité. A cet égard, leurs efforts se fondent essentiellement soit sur la divinité, soit sur la raison, sans préjudice des essais de synthèse entre ces deux ancrages. Les justifications puisées dans le sacré, autant que celles qui prétendent se déduire de la rationalité, changent toutefois de sens au cours de l'histoire. Les dieux d'Antigone ne ressemblent ni au Dieu des chrétiens, ni à Allah. La raison conquérante de l'homme de la Renaissance n'est plus la raison contemplative et téléologique d'Aristote. La « nature » se prétend depuis toujours issue de cette rationalité changeante, et on lui a fait dire, dans l'histoire de la pensée, toutes sortes de choses et leur contraire. Elle
a prétendument justifié la recherche de la paix et de l'harmonie sociale, mais aussi la guerre et les génocides ; le respect de la loi et la révolte ; la monogamie et la polygamie... Et si la référence à la « nature » n'était que la manière de faire apparaître les présupposés du système juridique qui prétend s'y référer ?