1922 : au terme d'une marche sur Rome durant laquelle les
fascistes prennent possession des préfectures de province, Benito
Mussolini exige la direction du gouvernement, aussitôt accordée par
le roi Victor-Emmanuel III. 1931 : 40 000 personnes périssent
dans des camps de concentration, en Cyrénaïque, sur ordre du
gouvernement fasciste. 1941 : la flotte anglo-américaine débarque
sur les côtes siciliennes. C'est le signe annonciateur de la débâcle :
les chars italiens en «fer blanc» ne peuvent rivaliser avec l'équipement
des alliés.
Durant ces deux décennies, «la démocratie réunie, organisée,
unitaire, dans laquelle le peuple circule à son aise», cette société
qu'annonçait Mussolini n'a pas existé. Le peuple est asservi à la
carte du parti, qui devient la «carte du pain», sans laquelle il est
impossible de se nourrir. Tout débat politique est étouffé : les
fascistes se divisent en factions et groupuscules rivaux, les partis
non fascistes sont mis hors la loi.
Salvatore Lupo, figure majeure du débat intellectuel en Italie,
auteur d'une Histoire de la mafia traduite en plusieurs langues, livre
ici une analyse fouillée du régime fasciste : quel était le contenu de
la révolution fasciste ? Comment les hommes qui ont rallié la cause
mussolinienne - futuristes et libertaires - se sont-ils transformés en
partisans d'un régime liberticide ?