Automne 1990, scandale : la presse suisse et les chambres fédérales
apprennent l'existence d'une organisation appelée P-26. Elles
s'enflamment et dénoncent une prétendue « armée secrète » dont elles
craignent qu'elle puisse échapper à tout contrôle. En réalité, il s'agit d'une
structure mise en place au temps de la Guerre froide par la Suisse afin de
préparer la résistance du pays en cas d'occupation par une armée
ennemie. Jusqu'à sa dissolution, cette organisation est restée ultra-légère :
400 membres recrutés parmi des personnes d'âge mûr dont la carrière et
l'attitude inspirent la plus grande confiance.
Ces hommes et ces femmes reçoivent une formation à la vie clandestine
et à l'action - psychologique au premier chef - qu'elles devraient
entreprendre pour rendre la vie difficile à l'occupant potentiel et dresser la
population contre lui. Aucun d'entre eux ne dispose d'une arme à domicile,
sauf ceux qui ont fait du service militaire et ont gardé leur fusil ou pistolet
personnel. D'autres sont formés au renseignement, à la radio, au sabotage.
Le journaliste Martin Matter décrit ce climat et réhabilite la P-26 en
montrant que le commandement de l'armée contrôlait cette organisation
bien dirigée, que plusieurs conseillers fédéraux en étaient informés et qu'un
groupe de parlementaires était tenu au courant.
Passionnant, ce livre tire de l'ombre et d'un opprobre injustifié les
patriotes qui se sont engagés, dès le temps de paix, à entrer en résistance
si le malheur du pays devait un jour la rendre nécessaire.