Personne ne sait rien des fiefs rouges.
A la fin des années quatre-vingt, poussée par la flambée immobilière parisienne tout autant que par l'espoir d'une nouvelle convivialité urbaine, Anna Alter, fille d'un fondateur du parti communiste polonais, se laisse séduire par la banlieue. Et pas n'importe laquelle !
Aubervilliers, fief d'une des plus hautes personnalités du PCF, ancien ministre, tout à la fois porte-drapeau d'un courant de rénovation de son parti et ami de l'avant-garde culturelle, Jack Ralite.
Hélas, les lendemains ont déchanté. Aubervilliers n'a, pas plus que les autres communes de Seine-Saint-Denis, échappé au sort des banlieues en passe de se transformer en ghettos, où chômage, délinquance, pauvreté, échec scolaire, battent des records.
Anna Alter a très vite été prise d'un doute. A quoi servent les millions destinés à lutter contre la misère ? Rénovation de barres HLM, plans d'aménagement pharaoniques, actions sociales et culturelles destinées à panser les plaies, tout se perd dans la marée des projets, toujours annoncés, rarement menés à bien. Le plus injuste, c'est l'aveuglement de ceux qui habitent du bon côté du périph'.
Anna Alter brise le mur du silence.