Il arrive bien souvent, en pays de Langres, qu'au détour d'une
route, d'un chemin, on se trouve confronté à d'imposantes
constructions militaires. On pense à Vauban. On pense à Maginot.
Mais qui connaît le nom du général Séré de Rivières ?
Après la défaite de 1870, il fut le maître d'oeuvre d'un dispositif
fortifié qui, de la côte méditerranéenne aux frontières des
Ardennes, devait empêcher l'ennemi prussien de fouler
«le sol sacré de la patrie». Langres, place de deuxième ligne,
fut entourée de tout un réseau de forts, d'ouvrages, de batteries,
qui devait en faire un point d'arrêt décisif à toute invasion.
Mais les «progrès» du matériel de guerre en décidèrent
autrement. En l'espace de trente ans, l'apparition d'un nouveau
type d'obus rendit ces fortifications obsolètes. Les nouvelles armes
n'avaient aucun mal à les pulvériser. Certains des forts du dispositif
furent adaptés. Mais pas ceux de la ceinture fortifiée de Langres
que l'on jugea désormais de peu d'intérêt militaire. Les forts,
ouvrages, magasins enterrés, batteries, furent pour la plupart
laissés à l'abandon. Ainsi le fort du Cognelot. Qui n'en continue pas
moins de marquer le paysage, mais d'une histoire qui n'a pas eu
lieu. Pour entrer dans la réalité de ce fort sans guerre, il nous a
semblé que la meilleure manière était de s'en remettre à la fiction
d'un «Journal» qui aurait été retrouvé dans un des réduits du fort.
Journal imaginaire. Mais au plus près de ce que furent ici
les prévisions, les attentes, les frayeurs et les oublis.