Perspectives critiques
Il est des lieux de mémoire ; il y a des gouffres d'oubli.
Au rang de nos lieux de mémoire a pris place cette idée : que les qualités propres de la langue française lui ont mérité, depuis le XVIIIe siècle, d'innombrables éloges. Ceux-ci ont aujourd'hui leurs historiens.
Au fond d'un gouffre d'oubli sont tombés d'autres discours, qui voulaient que notre langue fût imparfaite, qu'elle eût non seulement plus de défauts que de qualités, mais encore qu'elle eût plus de faiblesses que les langues voisines et rivales. De cette idée étrange, mais si longtemps attestée, l'histoire n'a pas encore été écrite. Ce livre lui est consacré.
Pendant trois siècles en effet, et dans toute l'Europe, on s'interrogea sur la pauvreté de notre vocabulaire, sur l'absence de rythme de notre parole, sur la rigidité de notre grammaire. Le français était-il trop abstrait ? trop précis ? trop timide ? Était-il approprié à la prose littéraire ? adapté à la poésie ? pertinent pour la spéculation philosophique ?
On découvrira ici ce que les plus grandes voix répondirent à ces questions et à bien d'autres.