Le Geste Longtemps j'aurai donné le nom de geste à l'expansion d'une formule dont la structure devait conférer d'emblée sa stature à mon projet et plier à son rythme tout ce qui viendrait se surimposer à elle, en sorte que son avenir fût contenu en germe dans son élan initial, quand bien même je n'aurais pas encore été prêt à l'articuler. Hachée, brisée, discontinue, interrompue peut-être, l'unité du geste est néanmoins assurée par ce qui le relance, par ce qui ressoude et réajointe les moments de négation ou de rectification par lesquels il ne cesse de repasser, faisant ainsi l'expérience de son propre temps. Tout ce qui vient du travail en nous qu'accomplit le temps, et où nous nous accomplissons à notre insu jusqu'à ce qu'un hasard nous mette en position d'en prendre la mesure (et, ainsi, de nous reprendre), ne se libère jamais totalement de sa tutelle. Que le temps passe et que certaines choses ne cessent de revenir, qui ne passent pas, c'est là ce qui pour nous reste toujours nouveau, scandaleusement nouveau.