En partant de sa pratique psychanalytique, Nathalie de Kemier propose une
compréhension du geste suicidaire à l'adolescence, à la source duquel revient
souvent le sentiment de ne pas avoir le choix. À travers le suivi de leur
évolution après leur geste trancrit dans des récits cliniques, une métaphore
est proposée pour saisir un sens latent du geste suicidaire et pour stimuler
la créativité du thérapeute : le meurtre de l'infans. Autrement dit, tuer la part
de soi dépourvue de parole, radicalement impuissante, assujettie aux désirs
d'autrui et débordée par une pulsionnalité dont elle ne sait que faire.
L'élaboration de ce contenu de pensée est susceptible de restaurer les identifications
en tant que contenants psychiques et organisateurs de l'ensemble
du fonctionnement psychique. Dès lors, la représentation de l'infans donne
forme aux éprouvés pubertaires potentiellement désorganisateurs, amenant
l'adolescent à contenir la violence de ses désirs par la pensée plutôt que
par l'acte et à la transformer en réamorçant son processus de subjectivation.
En donnant sens à ses sens, l'adolescent accroît ses capacités de choix.