Possible récit d’un futur hélas crédible, Le grand B.A.L. aborde la question de la privatisation du bien commun au seul bénéfice du marché par une maîtrise de la “nature” ou, plus exactement, par une illusion de cette maîtrise que Gilles Clément dénonce, à la manière d’un Voltaire, en présentant le théâtre du monde comme un jeu de performances absurdes. Par la mise en dérision des situations, des personnages, des institutions et, d’une façon générale, des règles de la bienséance et de l’ordre établi, son roman inverse certaines valeurs considérées comme immuables, mais la nature profonde des personnages reflète une sensibilité humaine intemporelle sans aucun rapport avec l’évolution de la technologie. C’est donc avec leur fragilité et non comme des êtres robotisés que les “danseurs” de ce B.A.L. apparaissent.