C’est quoi le programme ? demande Flick à tout bout de champ, c’est quoi le prochain boulot ?
Flick est un homme à tout faire qui n’a plus rien à faire. Réparateur de choc, ouvrier-modèle, il a passé sa vie à écumer les mines de lignite de la Lusace, en RDA. Mais depuis la chute du Mur, les mines ferment, les machines sont à l’arrêt, et Flick est viré. Déboussolé, Flick va pointer à l’Agence pour l’emploi : il veut du travail, on lui donne des jobs, il veut agir, on lui demande de se calmer.
C’est un homme d’action, prêt à intervenir, à foncer dans le tas, faire quelque chose. Du coup, il enchaîne les missions les plus rocambolesques, au risque de faire du dégât, le boulot n’étant pas toujours livré avec son mode d’emploi. Armé de son casque rouge, ses mousquetons, sa corne d’appel, flanqué d’un petit-fils à capuche sympathique mais flemmard, il écume, lui le réparateur, toutes les formes du travail contemporain : cueilleur de fraises, gardien d’œuvres d’art, tronçonneur municipal...
Don Quichotte contemporain, il franchit les frontières, participe à tout, se fâche avec tout le monde, sans jamais perdre son irrépressible envie de travailler.
Volker Braun signe ici une fable explosive, où le travail est tout aussi aliénant quand on en a que quand on n’en a pas son Flick, vieux de la vieille, fanatique du boulot, est le parfait représentant de ce grand bousillage que nous vivons aujourd’hui.