Mémoires. Tome XIII (1608)
Le Grand Hiver
J'ai reçu lettres de tout côtés des villes et bourgs étant sur la rivière de Loire, où les ravages sont si étranges et les ruines si grandes que c'est chose effroyable de les ouïr conter ; et les peuples qui y ont intérêt, sont devenus si appauvris par cet accident, que s'il ne plaît à votre Majesté les secourir en les déchargeant des tailles, et les assistant d'une bonne et grande somme, pour les réparations plus pressées et nécessaires, il faudra qu'ils abandonnent tout, et laissent leurs maisons désertes et leurs terres en friche. Partant, je supplie votre Majesté mander sa volonté, afin que je leur puisse faire savoir pour les consoler en une si extrême désolation, et les remettre en courage pour continuer leurs labeurs et semailles. Sur toutes lesquelles choses attendant l'honneur de vos commandements, je prie le Créateur, Sire, qu'il augmente votre Majesté en toute royale grandeur, félicité et santé. De Paris, le 25 octobre 1608.