Louis Tronson (1622-1700), élu en 1676 troisième supérieur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, est connu principalement, dans l'histoire de la spiritualité, comme éditeur du Traité des saints ordres attribué à Jean-Jacques Olier (1676), auteur des Examens particuliers (1690), et hôte des entretiens d'Issy sur le quiétisme (1694-1695).
L'objet de ce travail est de mieux mettre en perspective la place de cet homme dans l'histoire de la théologie catholique. Tronson joue en effet un rôle déterminant dans l'explicitation théologique de la vocation sacerdotale. Réfléchissant, à la lumière de son expérience de formateur de futurs prêtres, sur les « marques de vocation », il élabore de véritables grilles de discernement, au demeurant assez souples. Parmi ces critères, une place particulière revient à l'« inclination » ou « attrait ». Résonance subjective et intime de l'appel divin, l'attrait n'est cependant pas subjectiviste : il suppose au contraire un objet qui attire, c'est-à-dire le sacerdoce, envisagé comme « état » et « fonctions », deux mots très utilisés par Tronson qui, bien loin de s'opposer, se complètent. Ainsi cet auteur peut-il proposer une vision du sacerdoce qui soit à la fois sacramentelle et sociale, spécifiquement christologique et enracinée dans la société de son temps.