Le XVIe siècle français est marqué par la figure de Catherine de
Médicis (1519-1589) qui exerça le pouvoir avec une étonnante ténacité
et fut soupçonnée de recourir aux moyens les plus sinistres, mensonges,
complots, poison, magie noire, assassinats, culminant dans l'extrême
violence du massacre de la Saint-Barthélemy.
C'est avec une énergie intense qu'elle se consacra à la défense de l'État
monarchique, incarné successivement par ses fils François II, Charles IX
et Henri III. L'humaniste Estienne Pasquier disait qu'elle «était armée
d'un haut coeur», un coeur supérieur, plein de force, de foi et
d'intelligence qui la poussa à se dresser contre les passions qui
ensanglantaient le royaume.
Dans sa magistrale étude, Denis Crouzet fait vivre cette Catherine de
Médicis plurielle, oscillant entre le bien et le mal, adepte de la parole et
de la négociation, figure humaniste persuadée de sa mission de
pacification du royaume, mais aussi fine stratège, forgeant les
instruments idéologiques de son intrusion active dans la sphère de la
décision politique, allant jusqu'à légitimer l'usage de la violence vue
comme une nécessité pour l'avenir de la paix. Dans le contexte tragique
des guerres de Religion, autour d'une souveraine hors du commun,
s'invente la raison politique moderne.