Le Haut Langage est le dernier livre, posthume, d'Erich Auerbach
(1892-1957), l'auteur de l'un des livres de critique littéraire les plus
importants du XXe siècle : Mimésis. Il en constitue l'indispensable complément.
Auerbach, installé aux États-Unis après son exil à Istanbul,
disposait enfin des ressources des grandes bibliothèques. Il déploie
une incroyable érudition.
Comment l'Europe s'est-elle construite intellectuellement à la fin
de l'Antiquité et au Moyen Âge ? Quel rôle le latin a-t-il encore pu jouer
dans ce processus multi-séculaire ? Quel public existait-il pour quelles
oeuvres ? Ce sont ces questions, croisées avec l'évocation du destin de
la théorie antique de la séparation des styles revisitée par le christianisme
et placées sous le patronage de saint Augustin, de Vico et de
Dante, qui structurent le livre.
Les thèmes de recherche auerbachiens annoncent les questionnements
les plus actuels sur «l'intention d'auteur», sur l'interaction
auteur-lecteur, sur «l'horizon d'attente», sur la prise en compte de
l'Histoire et du rôle de l'individu. Le livre doit être lu à partir de la
«conception figurative» qui est au centre de la pensée de l'auteur, et
qui fait de cette époque de la latinité tardive et du Moyen Âge la soeur
de celle qu'Auerbach a dû vivre en tant qu'individu pris dans l'Histoire.