«Lâyeh arpentait la pièce, une main sur les reins. Douleur. Délire. Une brebis met bas. Les filles font cercle autour, soucieuses. Elle souffre. Les filles restent immobiles. Il ne faut pas s'immiscer dans le travail de la nature. L'animal agnelle à l'écart, seul à endurer le mal. Un instant de répit. Le temps de brouter un peu, d'oublier. Puis de nouveau les muscles se contractent. Plus fort qu'avant. Les pattes se dérobent. Le malaise et la détresse de la brebis couchée sur le flanc se mêlent à ceux de la jeune femme, qui s'allonge en geignant. Au paroxysme de la souffrance, les pattes de l'agneau apparaissent à l'extrémité du ventre de la femelle. Nouvel être donné au monde : voici ton univers ! Il est à toi ! Réjouis-toi ! Mais pour un instant seulement, car le moment d'avoir la gorge tranchée approche ! Broute, afin de devenir beau et gras.»
Dans les années 80, l'Iran est en proie au tumulte. La Révolution a voilé les femmes, la guerre a envoyé les hommes au front.
A Téhéran, dans une propriété réquisitionnée par le régime, vivent quatre familles déchirées par la guerre, portant toutes le deuil des martyrs.
C'est au travers de ces personnages affectueusement décrits que Mohsen Makhmalbâf dévoile des aspects jusqu'ici inconnus et très intimistes de l'Iran postrévolutionnaire. Par le biais de ces destins individuels se dégage peu à peu la trame d'un destin collectif, bien loin des clichés que nourrit l'Occident.