Trois soeurs d'une quarantaine d'années quittent la
Flandre pour se rendre en Espagne, dans le petit
port où, enfants, elles venaient en vacances : Nora,
la benjamine, l'actrice, la séductrice ; Judith, l'aînée,
la femme d'affaires aux activités mystérieuses ; et
Hélène, vendeuse de parfumerie apparemment conventionnelle
et sans histoires.
Ensemble, elles vont retrouver leur tante, une
femme solitaire mise au ban de la famille depuis bien
longtemps et qui s'est installée dans un lieu chargé
de symboles, une bâtisse où la municipalité enfermait
les filles-mères à l'époque de Franco.
Au fil des kilomètres et des souvenirs égrenés
dans le cadre de cette intimité illusoire, le passé évoqué
met au jour les strates de moins en moins avouables
de la personnalité des trois soeurs.
La famille est toujours lieu de drames. Et le temps
du voyage suffit pour que la mécanique sociale se
dérègle, que les apparences se fissurent et qu'affleurent
la violence, la folie ordinaire.
Ce récit d'allure nonchalante, courant au fil de
la plume ou paressant au rythme de la conversation,
évoquant tour à tour la souriante mélancolie
de Tchekhov ou l'âpreté d'Ibsen, offre une image
parfaite de l'univers de Kristien Hemmerechts : un
monde où la mer bleue cache d'inquiétants abîmes,
où rien n'est "innocent".