Pierre Loti fut cet enfant sérieux et chimérique de Rochefort et je l'ai été bien des années après lui au Maroc, où dans son âge d'homme il voyagea.
Sa sensualité, sa mélancolie, son goût du décor ont décidé de sa passion pour le vieux pays retranché de l'Europe, mais déjà menacé et bientôt investi par elle. J'ai chevauché avec lui des territoires vierges où la réalité se dissout dans l'éblouissement de la lumière ou l'abondance des pluies, comme dans son rêve vain d'un temps à jamais suspendu. Cette aventure maghrébine a aussi sa face secrète.
Elle m'enseigne combien importent les commencements d'une vie, en ce qu'ils impriment à celle-ci sa vérité irrévocable. Et que c'est cette vérité-là qui rend le désir des retours tellement plus impérieux que l'injonction des départs.
P.S.