«Je ne suis personne d'autre que moi. Je ne sais si ce nouveau jour m'appartient. D'un geste machinal, j'ouvre la fenêtre pour voir le temps qu'il fait dehors. C'est à peine si je me sens vivre et je continue, pas à pas, vers ce qui doit être éventuellement ma fin ou mon destin. Il y a une pensée qui me vient, me possède et me rend à la réalité de mes yeux. Je palpe mon existence. L'amertume des jours ne me dit pas comment je dois sauter, éviter les obstacles qui m'attendent. Quelle pierre ou quel arbre distinguerai-je comme unique signe pour te rencontrer ? Cette soif de temps me dévore. J'étends les bras pour atteindre la branche qui me sauverait, mais il n'y a rien. Un jour je m'absenterai pour toujours. J'irai courir vers les prés, vers les dunes, vers les mers. Je chercherai le silence et je ne le trouverai pas. En regardant l'aube je me perdrai dans le crépuscule du temps. Les feuilles m'oublieront, mais les racines des feuilles ne m'oublieront pas. Je n'attends rien, je n'attends personne.»