Pourquoi la philosophie s'est-elle si souvent satisfaite au
mieux de méconnaître le jazz et, au pire, de le mésentendre
(Adorno) ?
L'une des réponses serait que l'irruption du jazz, au début du
XXe siècle, réimporte des valeurs - oralité, imitation, priorité du
corps sur le signe, unité du sens et de la voix - que l'Occident s'est
efforcé de congédier dès l'origine de la philosophie occidentale.
Deux mille cinq cents ans plus tard, après une lente maturation
au sein de la communauté afro-américaine, le jazz consacre
des thèmes esthétiques et ontologiques auxquels les nouvelles
techniques de communication et de diffusion assurent un retentissement
planétaire.