Le Jeu d'Adam est une oeuvre remarquable à plusieurs égards. Datant du XIIe siècle, elle est la plus ancienne composition théâtrale européenne - avec le Auto de los Reyes Magos espagnol -
dont tout le dialogue soit en vernaculaire. Mais, et c'est là le plus important, le Jeu d'Adam est une incontestable réussite littéraire, ce qui en a fait un classique du théâtre médiéval.
Cette édition bilingue est précédée d'une introduction qui offre de nouvelles perspectives sur ce texte canonique. Ce
que nous savons des pratiques festives des grandes églises séculières permet de croire que la composition appartenait au
répertoire d'une cathédrale ou d'une collégiale. Une partie des irrégularités métriques résulte probablement de modifications
apportées par les acteurs ; d'après le témoignage remarquable du Jeu d'Adam, il apparaît que les acteurs médiévaux, comme ceux de notre temps, n'hésitaient pas à retoucher leurs répliques. Nous rejetons enfin l'interprétation traditionnelle
qui voit dans le texte français une farciture des répons : en réalité, ces textes liturgiques ont été probablement ajoutés au
texte français qui n'en dérive nullement.
Deux études enrichissent l'introduction. L'analyse de la langue de la composition, due à Catherine Bougy, revient sur
la question de son origine linguistique et remet en question l'interprétation qui y voit une composition anglo-normande.
L'analyse des répons par Andrea Recek, quant à elle, présente l'usage liturgique de ces textes.