Temps cyclique de l'antique religion shintô ou fulgurance du zen ; pause suspendue du théâtre nô, créant l'attente de ce qui va suivre ; énergie noire du trait calligraphique comme la trace d'un rythme corporel... Le temps au Japon n'est pas cette durée continue dans laquelle viendrait s'imprimer notre expérience : éternel présent voué à l'éphémère, il a l'intensité de ce qui n'aura jamais plus lieu. Ce sentiment du temps trouve sa parfaite expression dans l'art de l'ukiyo-e. En ces estampes et ces peintures du « monde flottant », s'épanouit la pathétique beauté des choses appelées à disparaître.
Nelly Delay nous invite à une réflexion sur ce « jeu de l'éternel et de l'éphémère », en même temps qu'elle apporte un nouveau et fascinant éclairage sur l'art japonais.