Pour Aristote, «il serait étrange que la fin de l'homme fût le jeu». Pour Schiller, «l'homme ne joue que là où dans la pleine acception de ce mot il est homme, et il n'est tout à fait homme que là où il joue».
Entre les deux, et principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles, une mutation s'est produite, au cours de laquelle l'idée de jeu, qui désignait d'abord une activité mineure, est devenue un concept pour l'anthropologie philosophique. Comment cela est-il arrivé ?
Pour le comprendre, cette étude retrace d'abord, dans un premier chapitre, les étapes les plus significatives de l'histoire du concept jusqu'au XVIIe siècle (Leibniz, Pascal). Elle montre ensuite, à l'aide du témoignage de Casanova, comment le siècle des Lumières est aussi le siècle du jeu. Puis elle étudie la revalorisation du concept de jeu dans la pensée kantienne, avant d'aborder enfin les Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme de Schiller, qui marquent la naissance de la notion de jeu dont nous héritons aujourd'hui.