Anthropologiques
Le jour où les robots mangeront des pommes
En 2006, le roboticien japonais Hiroshi Ishiguro fit sensation avec l'un des robots les plus réalistes jamais conçus. Baptisé le Geminoïd car il était fait à l'image de son concepteur, ce robot devient en quelques années une star parmi les humanoïdes, attirant des chercheurs de tous horizons travaillant sur l'apparence humaine. Faut-il que les robots nous ressemblent ? De quoi voulons-nous nous entourer ? Que gagne-t-on à cultiver la confusion entre l'homme et la machine ou comment faire pour la dépasser ? Autant de questions que nous pose de manière accrue cet essai écrit par un artiste et un anthropologue. Pour comprendre l'originalité du Geminoïd, il fallait l'inscrire dans un double héritage, celui des sciences mais aussi celui des arts. Les auteurs déploient ici un dispositif original, inspiré autant par l'enquête ethnographique que par le théâtre, multipliant expériences et conversations avec le Geminoïd, afin de dénouer les fils complexes qui le font exister. Le livre éclaire plus largement la manière dont nous pouvons nous attacher, quasiment malgré nous, à des créatures artificielles à apparence humaine. Débutant comme une tentative, banale dans un laboratoire de robotique, pour établir une communication avec un robot, l'expérience monte peu à peu en puissance. Le laboratoire devient un étrange théâtre qui finit par bousculer les certitudes des expérimentateurs eux-mêmes sur ce qu'être robot veut dire.