Marcello Massenzio propose ici une analyse fascinante de "figures" du Juif errant. Condamné à une errance perpétuelle pour avoir frappé Jésus dans la montée au Calvaire, le Juif errant devient un mythe ambigu dès le XIIIe siècle, porteur à la fois du thème du Juif témoin de la Passion et de motifs antijuifs. Une fresque de Giotto rend compte avec nuance de cette ambivalence, que mettent encore plus en évidence deux textes peu connus de Goethe. Au début du XXe siècle, le mythe est réapproprié par la culture juive, notamment dans une série de tableaux saisissants de Chagall. Après la Shoah, le Juif errant est plus que jamais porteur du destin juif-trouvant peut-être son incarnation dans le personnage troublant et obsédant du maître d’Élie Wiesel et d’Emmanuel Lévinas, l’étrange Monsieur Chouchani...