L’histoire des juristes belges de droit international n’a jusqu’ici été l’objet d’aucune étude synthétique et l’intégration de l’histoire du droit international à la réflexion en sciences humaines en est encore à ses commencements. L’approche que propose ce livre, s’écartant des chemins classiques des points de vue purement juridique ou philosophique, est par conséquent pionnière. Cette réflexion, historique par sa méthode et ses enjeux, qui se veut ouvertement interdisciplinaire (histoire, droit, sociologie), appartient à l’histoire des relations internationales, dans la mesure où le rapport au droit international représente une des grandes données conditionnant la manière d’être au monde d’un pays.
Cet ouvrage émet l’hypothèse que la Belgique neutre a constitué un laboratoire conceptuel, institutionnel et intellectuel sui generis d’un droit international public en voie d’institutionnalisation, de 1869 — année de fondation de la première revue scientifique du domaine — à 1914. Il est enfin à même de nous informer sur les caractéristiques de ce milieu professionnel, concerné au premier chef par l’acte inaugural de la guerre, sur ses pratiques, ses codes, ses réseaux internationaux, la position des juristes mais aussi, en négatif, de nous renseigner sur un aspect méconnu de l’image de la Belgique et de sa position dans la hiérarchie internationale, à savoir sa contribution au droit international.
Vincent Genin est docteur en histoire contemporaine de l’ULiège, chercheur postdoctoral du FWO à la KU Leuven et élève à l’École Pratique des Hautes Études (Ve section, Paris). Spécialisé en histoire des relations internationales, il consacre une part de ses travaux à l’histoire des courants intellectuels du xxe siècle. Auteur de plus de cinquante publications, il a soutenu une thèse sur les juristes belges de droit international, distinguée par le Prix Jean-Baptiste Duroselle et, pour son livre Incarner le droit international (1914-1940) paru en 2018, il a reçu le Prix Daniel Strasser de l’Institut de France.