L'Antiquité tardive est souvent considérée comme une période d'émergence de l'intériorité ou de nouveaux rapports à l'intériorité. En témoignent de nouvelles formes d'expériences religieuses, mais aussi le développement de l'écriture autobiographique et celui des « techniques de soi », étudiées jadis par Michel Foucault.
C'est aussi à cette époque charnière dans la constitution du sujet moderne que le lecteur prend, dans les textes, une place particulière. De l'injonction « Que le lecteur comprenne ! » des évangiles (Mc 13, 14 ; Mt 24, 15) aux homélies de Jean Chrysostome, dans les textes théologiques ou exégétiques, de la polémique religieuse à la littérature spirituelle, le lecteur est constamment invoqué, non seulement comme un destinataire, mais aussi comme une instance de coopération fondamentale dans la production du texte, voire comme l'objet ultime de ce dernier.
Les études rassemblées dans ce volume abordent ces questions en partant d'un des premiers textes littéraires grecs (les Travaux et les Jours d'Hésiode) et de l'oeuvre de l'auteur juif Philon d'Alexandrie (Ier siècle de notre ère), pour se concentrer sur les derniers siècles de l'Antiquité, à travers un corpus large qui embrasse les textes grecs, latins, coptes et syriaques. Il montre de quelle façon ces textes, aux sujets souvent religieux, ont contribué à écrire une page essentielle dans l'histoire de la lecture et de la production des textes, au-delà de leurs seuls enjeux doctrinaux.