Le territoire de la philosophie serait divisé par une frontière infranchissable
entre modèles analytique et continental. S'élevant contre
cette idée reçue, cet essai met en lumière le socle commun de la
philosophie des trente dernières années : pour sortir du «dispositif
de la perspective» où le sujet était spectateur du monde, les philosophes
contemporains ont conçu un sujet à ce point immergé dans
le monde qu'il n'en est plus que le reflet ou l'effet. Cette solution
a un nom : le réalisme, unanimement revendiqué aujourd'hui,
de l'actuelle phénoménologie aux disciples de Wittgenstein en
passant par les nouvelles métaphysiques. Cette solution ne serait-elle
pas devenue un simple lieu commun ?
Ce panorama critique de la philosophie contemporaine montre les
écueils et l'impossibilité de ce réalisme partagé, dont il soumet les
multiples expressions à une analyse serrée et limpide. Comment
ensuite dépasser les apories du réalisme sans retomber dans le
modèle du face-à-face entre l'homme et le monde ? La réponse
suppose une réflexion sur la possibilité même de la philosophie
aujourd'hui. Au lieu commun réaliste de la philosophie contemporaine,
l'auteur objecte le «lieu de l'universel».