«Je suis vieux, et toi, tu es un enfant. Mais, regarde, le sang est
aussi vivant chez toi que chez moi. C'est ça, l'amour de la vie.»
Ainsi parle grand-père Garabet, figure tutélaire qui incarne
toute la sagesse et la mémoire des Arméniens de Varujan
Vosganian.
Le Livre des chuchotements s'ouvre sur une rue arménienne de
Focsani, à l'est de la Roumanie. Dans l'odeur du café fraîchement
torréfié, un enfant écoute passionnément les récits des
adultes réunis sous l'abricotier. C'est une chronique pleine de
couleurs, de senteurs, de poésie, mais qui rappelle aussi la dure
réalité qu'ont vécue plusieurs générations d'Arméniens ballottés
par les exils : des plateaux de l'Anatolie aux terribles cercles de
la mort dans le désert de Deir-ez-Zor, de Constantinople à la
Roumanie des années 1960.
Avec le talent d'un conteur oriental, Varujan Vosganian reconstitue
la vie de ses parents, aïeux et voisins arméniens, leur donnant
ainsi un supplément d'être.
Le Livre des chuchotements est sans doute un des textes roumains
les plus forts publiés après la chute du communisme ; et probablement
la plus précieuse reconquête de la mémoire et de l'histoire
moderne des Arméniens.