Le Livre du Repentir que nous présentons occupe, au sein de l'Ihyo 'Ulûm ad-Din, une place prépondérante. Il représente la partie essentielle du traitement ('ilâj) avant que tout cheminant dans la voie de la ma'rifa ne s'apprête à découvrir les prémisses de l'invisible (ghayb). Articulé autour de trois grands éléments que sont le savoir ('ilm), l'instant présent (hâl) et l'action ('amal), le repentir s'intègre dans une vision d'ensemble qui amène l'homme à se reconsidérer pleinement.
Partagé entre l'espoir d'être pardonné et la crainte d'être châtié, le musulman par le biais du tawba doit ainsi s'astreindre à une rude vie s'il veut espérer contempler l'Au-Delà. Le cœur a besoin d'être nourri de soumissions (tâ'ât) afin que s'en dégage l'obscurité des insoumissions (ma'siyât), car assurément, nous dit Saint-Augustin, on ne fuit pas Dieu. Il est partout et toujours prêt à accueillir le cœur repentant...
Cependant, le repentir n'est en soi pas suffisant. En effet, si Ghazâli énonce les conditions du repentir, il reste à se poser le problème vital de l'agrément du repentir par Dieu. Et la encore, la foi, qui constituait l'élément premier de toute entreprise humaine, est insuffisante. Il faut ajouter à la foi la certitude (yaqin) qui confirmera et qui raffermira la foi dans son itinéraire. La certitude, telle quelle est envisagée par Ghazâlï est le véritable élément qui ótera le voile (hijâb) de la vue du Bien-Aimé (mahbûb) et c'est dans la certitude que les fruits du repentir se dévélopperont pleinement.