« Moi je suis avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du monde. » (Mt 28, 20.) Le temps de Dieu, celui que nous lui donnons et celui par lequel il nous attire dans son amour est le temps de la séparation. Non pas le temps de la rupture qui écarte et met l'âme à distance des préoccupations du monde, mais l'entrée dans les eaux profondes de Dieu qui purifient et pacifient le visage du monde. Ce temps de la rencontre avec l'invisible, nous pouvons le prendre, quand nous le décidons, dans ce lieu retiré du coeur où frémit le rivage lointain de la vie en Dieu, où s'émonde et se purifie l'esprit dans un regard d'amour, de simplicité et d'abandon à ce qui nous dépasse et nous attire toujours plus malgré les voiles de nos multiples raisons humaines et sociales. Il y a ces retrouvailles timides, ces pas que nous ébauchons, ce vacillement de l'âme qui ne montre rien, qui ne dit rien, mais qui s'éveille au silence intérieur. Mon visage sera tourné vers Dieu, mes paroles seront pour Dieu. Mon coeur sera comme un vêtement retourné dans le coeur divin et moi je serai la tente de la rencontre, là où Moïse entretenait de fréquents colloques avec son Dieu et le ciel de la divinité. Là, le maître intérieur s'établira avec le disciple.