Il est paradoxal de constater qu'au moment où les exigences de travail augmentent, où
les entreprises appellent à plus d'engagements et de coopération, le management ne se
préoccupe pas davantage du travail. L'éloignement des manageurs de l'activité de leurs
collaborateurs et la difficulté qu'ils ont à réguler les situations problématiques inhérentes
aux nouvelles formes d'organisation sont les signes les plus visibles de cette dissociation
entre «travail» et «management».
L'auteur, Patrick Conjard, part de ce point : le travail et le management s'ignorent. Les
systèmes d'organisation et de management tendent à minimiser, voire à nier, la
subjectivité du travail. En reléguant le travail au second plan, le management a perdu sa
fonction régulatrice. Les conséquences sont frappantes : sentiments de mal-être,
désengagement, absentéisme, fragilisation du dialogue social, etc.
Dans ce contexte, la question, longtemps ignorée, de l'influence du management sur les
conditions de travail s'impose aujourd'hui à l'agenda social des entreprises. Des
tentatives pour «manager autrement» émergent : formation des manageurs,
participation des salariés, responsabilité sociale et environnementale, qualité de vie au
travail... Pour l'auteur, elles sont toutefois peu ou pas satisfaisantes et se contentent
souvent de répondre de façon dispersée aux difficultés par des solutions partielles et
locales.
Pour dépasser ce constat, l'ouvrage appelle à un véritable changement de paradigme en
proposant un nouveau cadre de compréhension et d'action : le modèle du management
du travail. Il s'agit de revoir en profondeur le fonctionnement de l'entreprise. Pour
Patrick Conjard, la réponse repose sur une conviction : le travail doit être appréhendé
comme valeur fondatrice de l'entreprise. Au soutien de cette idée, les salariés doivent
pouvoir agir et un cadre organisationnel et managérial nouveau doit les y encourager.
Cette approche ambitieuse nécessite d'appréhender le travail de façon plus qualitative et
singulière, de revisiter les processus de décision, le degré de subordination et d'ouvrir
de nouveaux espaces de régulation.