Cet important ouvrage sur le manichéisme se fonde sur des découvertes récentes (1930 et 1969) faites dans l'oasis d'El-Dakhleh en Égypte, qui ont radicalement modifié la conception que l'on se faisait jusqu'alors de ce courant spirituel venu de l'ancienne Perse. Depuis le 3e siècle, les adeptes du manichéisme ont subi les foudres des diverses Inquisitions. Aujourd'hui encore, l'enseignement de Mani est généralement traité d'hérésie, de « péché contre l'esprit », d'absurdité grossière, inconciliable avec le christianisme.
Qu'avait donc de si particulier cette religion dont l'action s'est répandue en Orient jusqu'en Chine et en Occident jusqu'en Espagne et en Flandre ? Elle admettait la réincarnation de l'âme humaine ; elle prétendait que la lumière et les ténèbres ne sont pas des forces fondamentalement antagonistes, et que leur rencontre donne naissance aux couleurs. Elle affirmait aussi que le mal n'est pas inéluctable, mais peut être transformé en bien, si l'homme le veut. Est-ce à cause de ces idées que le véritable manichéisme fut combattu et que ses ennemis firent tout pour en effacer jusqu'à la moindre trace ?
Roland van Vliet corrige ici ces terribles malentendus à la lumière des nouveaux documents surgis des sables, notamment le Codex de Cologne. On découvre que le manichéisme est un christianisme imprégné par l'art, tourné vers l'avenir, qui met en avant la liberté et l'amour.