Le manifeste des esprits libres
L'un des pires effets des attentats djihadistes est de déformer notre regard. Parce qu'ils envahissent l'espace médiatique, jeunes radicalisés et auteurs d'attentats-suicides tendent à nous faire oublier que la religion a disparu de l'horizon de la plupart d'entre nous. L'on finirait par croire que Dieu est redevenu notre préoccupation majeure. C'est à la majorité indifférente aux croyances religieuses que cet essai donne enfin la parole.
Il est urgent de rappeler que la distance à l'égard du religieux marque toute notre tradition depuis vingt-cinq siècles : née sur le sol de la Grèce antique, redécouverte à la Renaissance, elle s'est épanouie à l'époque des Lumières, puis a trouvé sa traduction politique dans la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905. N'est-ce pas dans cet éloignement que réside notre identité ?
Pacificateurs par excellence, les citoyens sans religion sont le plus solide rempart contre tous les intégrismes dont l'islamisme n'est que la face la plus grimaçante. Indifférents à toutes les croyances, ils sont les plus aptes à combattre les dérives et les divisions qui nous menacent. Parce que leur philosophie est antérieure au christianisme et plus encore à l'islam, l'avenir leur appartient.