Le Marais poitevin, il y a 150 ans. La «Venise verte» ne se trouvait
pas qu'à Coulon ou à Maillezais. Le maïs n'avait pas colonisé les
«motes frutajhéres», où l'on allait «en bateas» ramasser fruits
et légumes. C'était un autre temps et une autre vie. Du côté de
L'Île-d'Elle et de Marans, au confluent de la Vendée et de la Sèvre-Niortaise,
le poète Jules Guérin (1840-1907) n'était pas loin de
voir un paradis. Dans ses Trlands é Rigourdaenes (refrains et bonnes
histoires), il chante le pays et ses gens, son paysage, sa faune et
sa flore. Ses poèmes foisonnent de détails, de touches impressionnistes.
Correcteur d'imprimerie, et donc plus compétent que
beaucoup en langue française, il cultivait aussi sa langue régionale.
Amoureux du pays et de son «parlanjhe», il les fit chanter
tous les deux pour le plaisir de ses contemporains. Et pour
le nôtre, car la singularité du pays évoqué, de la langue et de la
poésie qui l'évoquent, peuvent toujours émouvoir. Une traduction
littérale en regard aidera les moins experts à apprécier un des
chefs-d'oeuvre de la littérature en langue poitevine-saintongeaise.