Le marcheur vertical
Si le développement personnel fut une bonne invention, ses applications contemporaines sont calamiteuses, car sous pressions multiples. Marchandisation, recettes édulcorées, picorage et butinage effervescents, tourisme généralisé chez les faux-maîtres, égocentrisme stérilisant, impatience forcenée, frustrations dues à l'absence de résultats, fébrilité générale dans l'absorption frénétique de tisanes, potions et confitures magiques. Ici, l'écrivain Pierre Yves Lador, le moins célèbre des plus grands écrivains suisses, au contraire, cherche la profondeur, la hauteur, la lenteur, dans l'ordinaire, le local, accepte la pesanteur, la gravitation, la fatigue et les modifications de ses états de conscience. Il marche, écrit, aime et advient ce qui advient. Il n'attend rien et croise l'escargot.
Son texte grimpe dans les forêts de la montagne et sinue dans son cerveau, qui se répondent, hantés réciproquement et constituent un univers parallèle baptisé nature et surnature, fait de plantes, de rocs, d'animaux, d'arbres et d'une sorte de tissu énergétique mystérieux, qu'on nomme parfois âme.
Alors que Mike Horn ou Sarah Marquis abusent de la planète, comme des frelons fous sous haute surveillance des satellites, cherchant les records, les exploits, les kilométrages, les exotismes et à vendre leurs recettes, Lador marche et écrit lentement en quête de douceur.
Le marcheur vertical est le trente et unième ouvrage publié par Pierre Yves Lador en un demi-siècle et probablement son livre le plus philosophique.