Le maréchal qui traitait " légèrement les affaires sérieuses et sérieusement les affaires légères " (Voltaire).
Contrairement à son arrière-grand-oncle le célèbre cardinal-ministre, Louis-Armand, troisième duc et maréchal de Richelieu (1696-1788), n'a pas eu de rôle politique éminent. Si le jeune homme ne passe pas inaperçu dans la brillante société du XVIIIe siècle, c'est en partie à ses duels et ses séjours à la Bastille qu'il le doit. Mais ses conquêtes féminines ont également contribué à établir sa notoriété. En effet, quel que soit leur rang, nombreuses sont les femmes à avoir succombé aux avances de ce grand séducteur : Mademoiselle de Valois, la fille du régent Philippe d'Orléans ; la fameuse marquise du Châtelet, l'égérie de son ami Voltaire ; ou encore la sulfureuse du Barry, la dernière maîtresse de Louis XV... mais la liste est bien plus longue !
Il faut toutefois se garder de réduire le portrait du duc à celui d'un casanova français, car il est aussi un courtisan accompli, un ambassadeur habile et un administrateur talentueux. Passant avec aisance des parquets de Versailles à la boue des champs de bataille, ce valeureux chef de guerre se révèle à Fontenoy en 1745. Son sens de l'offensive lui vaut d'ailleurs le maréchalat, à une époque où la France compte bien peu de généraux compétents. Décédé un an avant la Révolution française, Richelieu – qui a vécu les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI – incarne donc à merveille une époque et un milieu qui s'éteignent en même temps que lui.
S'appuyant sur d'abondantes sources dans lesquelles il puise avec rigueur, Benoît Florin fait revivre dans cette passionnante biographie un homme flamboyant qui, pour reprendre les mots de l'historien Jacques Levron, " eût manqué au XVIIIe siècle s'il n'avait pas existé ".