Le nom du marquis de Cuevas est indissociable des ballets
de Monte-Carlo qu'il a ressuscités dans les années 40
en leur insufflant tout à la fois la force de sa passion et
l'immense fortune de son épouse, née Rockefeller.
Fastueux, follement mondain, George de las Cuevas de
Bustillo y Teran, né le 26 mai 1885 à Santiago du Chili,
s'intègre parfaitement à cette époque de l'immédiat après-guerre
aussi pressée de panser ses plaies que de rattraper le
temps perdu. Le monde de la fête se joue à lui-même le
spectacle de ses extravagances. On s'y affronte en des
joutes d'un autre âge. Au grand bal Besteguy donné en
1951 à Venise répond le grand bal Chiberta du marquis qui
rassemble trois mille invités. Une querelle qui l'oppose à
Serge Lifar se règle par un duel resté célèbre.
En France, à Monaco, aux Etats-Unis, Gérard Mannoni a
recueilli les témoignages d'Elisabeth de Cuevas, fille du
marquis, de Rosella Hightower, de tous ceux qui ont été les
derniers témoins de cette hallucinante saga. Il signe une
biographie féerique de cet aristocrate fantasque qui recevait
le Tout-Paris des années 50 dans l'ancien appartement
de Cécile Sorel, couché sur son lit, entouré de ses pékinois
et de ses perroquets.