Le matérialisme est l'un des outils de compréhension du monde les plus controversés, méconnus, mésestimés, voire bafoués de l'histoire des idées. Il a suscité, et suscite encore, des réactions souvent virulentes chez ses adversaires, qu'ils soient spiritualistes, idéalistes ou même prétendument agnostiques quant à la nature profonde du monde - position qui dissimule souvent un rejet subreptice de l'ontologie matérialiste, selon laquelle l'univers est fait de la seule matiére(-espace-temps), de ses combinaisons innombrables et subtiles, de ses manifestations les plus profuses. Ni âme, ni esprit, ni élan vital, ni force transcendante qui nous surplombe et nous meut...
Ce livre arpente les méandres du matérialisme d'une manière simple, pédagogique et panoramique : depuis l'Antiquité, les présocratiques, les matérialistes indiens, en passant par les Lumières françaises, le XIXe siècle avec Darwin notamment, le problème de l'identité esprit-cerveau, la crise de la physique du XXe siècle qui a semblé le mettre à mal définitivement, avant que le physicalisme intègre au matérialisme « classique » les enseignements de la nouvelle physique, résorbant alors un hiatus préjudiciable.
Ce périple accompli, Robin Brown et James Ladyman défendent ce que le matérialisme est devenu, au gré de nécessaires remises en question de ses esquisses d'antan, doté dès lors d'une puissante capacité de penser les entités du monde, ce qui en fait plus que jamais le socle fiable de la connaissance scientifique, laquelle, en retour, lui enseigne sans cesse ce qu'elle observe et théorise à propos de la matière. Selon eux, même si le matérialisme n'a pas toutes les réponses, son humanisme et son recours aux explications naturalistes constituent notre meilleur espoir philosophique pour affronter les cataclysmes idéologiques de notre époque.