Je n'ai jamais cessé de prendre le métro, jamais cessé d'être un Parisien. Je peste parfois contre les embarras de la capitale et rêve d'une ville sans embouteillages, sans heures de pointe, mais, d'un autre côté, je suis toujours un peu dérouté par la paix des champs, la douceur angevine ou la solitude des plages désertes en hiver lorsque, d'aventure, il m'arrive d'en faire l'expérience.
Pus de vingt ans après Un ethnologue dans le métro, publié en 1986 dans " Textes du XXe siècle ", l'ancêtre de la présente collection chez Hachette, ce n'est pas d'un retour à proprement parler qu'il peut s'agir ici, mais plutôt d'un arrêt, d'une pause, d'un coup d'œil rétrospectif pour essayer de faire le point. Car l'étonnant, avec le changement, ce n'est pas qu'il ait eu lieu, c'est que nous ne nous en soyons pas rendu compte : il s'est imposé si " naturellement " que nous avons besoin aujourd'hui des traces du passé, évidences d'hier devenues plus ou moins obsolètes, pour en admettre la réalité et en prendre la mesure.
En vingt ans, le métro s'est transformé au rythme de Paris et du monde. Qui sont au juste mes contemporains ou plutôt de qui puis-je me dire contemporain ? Pour répondre à cette question, j'invite mes lecteurs à me rejoindre dans le métro, à se perdre dans la foule anonyme de tous ceux que j'y côtoie quotidiennement. Peut-être nous y frôlerons nous sans le savoir.
M. A .