Quand la République de Weimar est-elle morte ?
On retient généralement un événement central :
l'appel à la chancellerie, à Berlin, d'Adolf Hitler.
On ne prête guère d'attention à un autre fait,
provincial, obscur : l'assassinat violent, dans un
bourg reculé de Silésie, d'un ouvrier communiste
par cinq SA ivres et brutaux. Débordé par une
base impatiente et altérée de pouvoir, Hitler fait
une entorse à son légalisme proclamé et prend
fait et cause pour les assassins. Devant la
menace, le gouvernement commue la peine des
meurtriers. L'État de droit prend fin : les nazis
revendiquent une nouvelle légalité, qui fait des
meurtriers des soldats et d'un crime, un acte de
guerre ou de justice. Ce fait divers invite à une
histoire politique et culturelle de la République
de Weimar, mais aussi du parti nazi : le contentieux
entre la base SA et la hiérarchie du parti
dévait être réglé plus tard, lors de la Nuit des
longs couteaux.