Le « modèle » suédois
Les gauches françaises et l'impossible social-démocratie
Gouvernée sans interruption de 1932 à 1976 par la social-démocratie, la Suède a longtemps suscité un vif intérêt sur la scène politique française, particulièrement à gauche, mais pas seulement. Dans les années 1970, de nombreux livres, articles et émissions de télévision, lui sont ainsi consacrés. Tous s'interrogent sur l'existence d'un « modèle » suédois : un modèle d'économie mixte, de compromis social, ou d'alternative au capitalisme selon les auteurs. C'est l'époque où Georges Pompidou, interrogé en juin 1969 par L'Express sur l'existence éventuelle d'un « pays modèle » en matière de rapports sociaux, répond : « Disons la Suède, avec un peu plus de soleil. »
Dans cet ouvrage, Gilles Vergnon s'interroge sur l'influence d'un modèle réformiste étranger sur les différents courants des gauches françaises, dans un parcours qui nous conduit des années 1930 jusqu'à nos jours. Dans cette perspective, le livre propose « en creux » une histoire des projets réformistes en France, vus au miroir suédois, celui d'une expérience gouvernementale de gauche unique en Europe par sa pérennité et son apparent succès.
À l'heure où l'on parle beaucoup de « tournant social-démocrate » des socialistes français, le livre s'interroge enfin sur le sens et la possibilité d'un tel transfert.