Mobiliser de vieux instruments, travailler sur des partitions antiques, dénicher
d'anciens traités, explorer l'iconographie, tels sont les moyens que mettent en
oeuvre, depuis une cinquantaine d'années, les musiciens spécialisés dans la
musique ancienne pour mieux rendre justice aux oeuvres de Monteverdi, de
Bach, de Haendel et de leurs contemporains. Le succès de cette démarche fondée
sur le retour aux sources, qui constitue la plus importante évolution dans
l'histoire de l'interprétation de la musique sérieuse au cours du XXe siècle, a été
rendue possible par la coopération de nombreux acteurs - musiciens, bien sûr,
mais aussi programmateurs de concerts, producteurs de disques, éditeurs,
critiques, musicologues, facteurs d'instruments - qui ont constitué un nouveau
monde de l'art. Le présent ouvrage propose la chronique de sa naissance et de
son développement, en mobilisant pour en rendre compte les outils de la
sociologie économique : en détaillant les conditions sociales et économiques du
succès sans précédent de cette innovation esthétique, il met au jour les
dynamiques esthétiques, marchandes, politiques et organisationnelles qui ont
rendu possible l'avènement de ce nouveau monde de l'art.