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Le monstre, créature cosmique, paradoxale, fut symbole de vie : il n'est plus que mort. Art, société, politique, psychisme : de tout cela, nous l'avons fait maître. Sommes-nous aujourd'hui malades de nos monstres, malades imaginaires, imaginants ? Par commodité, nous appelons monstre tout ce qui nous gêne. L'imaginaire s'est acoquiné avec la mauvaise conscience et la faiblesse. Trop paresseux ou trop lâches pour lutter contre l'adversaire, nous lui conférons le statut de monstre et nous jouons le jeu de l'impuissance. À l'ombre de nos fantoches érigés en divinités maléfiques, nous nous plaisons à leur imposture et nous disposons à périr dans le massacre des faux innocents. À cela, il est temps de dire non. L'antidote existe : déposons les masques et renvoyons les monstres sur la scène qui est la leur.