Dans les années 1960 et 1970,
partout dans le monde, des révoltes
éclatent contre l'emprise grandissante
de la marchandise et de l'État sur
tous les aspects de la vie. Les situationnistes
ont contribué à forger les outils critiques de ce
soulèvement généralisé, aux côtés d'intellectuels
et de groupuscules influencés par le marxisme et
l'anarchisme. Mais à la différence de ces derniers,
ils ne venaient pas tant du mouvement ouvrier que des
avant-gardes artistiques du XXe siècle : Dada, le surréalisme,
le lettrisme. Artistes en rupture de ban, mi-rebelles
mi-voyous, les situationnistes s'étaient réunis sur la base
d'un programme radical : le refus des conditions de vie faites
à l'homme moderne, aussi bien dans les sociétés capitalistes
avancées que dans les régimes dits communistes, et
la volonté d'expérimenter de nouvelles formes d'existence
et de communauté en rupture avec l'ordre établi.
Ce livre analyse avec précision les racines culturelles
des théories et des pratiques situationnistes. Il
explore également leur postérité diverse et souvent
contradictoire : entre récupération et radicalisation,
du côté des intellectuels postmodernes ou de
l'art contemporain, chez les stratèges du pouvoir
néocapitaliste comme dans les rangs des révoltés
d'aujourd'hui.