On connaît bien peu l'histoire de la Saintonge avant l'an mil.
En un temps où la mer est un milieu hostile - et les invasions
des Normands au IXe siècle le rappellent -, Saintes, riche
de son passé, tête du diocèse, est le centre de la région, au
sein d'une Aquitaine toujours marquée par sa romanité. Mais du IXe au
XIIe siècle, c'est le comte de Poitou qui aura la prééminence politique en
Saintonge. Au Xe siècle, l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, seul monastère du
diocèse avant l'an mil, devient le centre d'une nouvelle agglomération. La
côte s'éveille avec l'exploitation des marais salants, dans ce qu'on appelle
désormais l'Aunis. Les XIe et XIIe siècles sont une période importante pour la
formation de la région : le réseau des paroisses se met en place, des nouvelles
seigneuries châtelaines structurent le territoire, défrichements et
dessèchements des marais gagnent des terres nouvelles sous l'impulsion de
nombreux monastères et prieurés, la ville de La Rochelle apparaît au deuxième
tiers du XIIe siècle et prend un essor très rapide, des communes sont
créées à la fin du siècle à La Rochelle, Saintes, Saint-Jean-d'Angély, Oléron.
Le XIIIe siècle est une période charnière : ouverture des relations maritimes
avec les pays du Nord (exportation de vin et de sel), rattachement à la couronne,
début d'une autonomie de la région comme province du royaume,
avec la création d'une sénéchaussée de Saintonge, même si le pays est
encore dit «en Poitou». La guerre de Cent Ans ruine le pays, situé en frontière
des possessions anglaises, mais conduit à la création d'un gouvernement
de La Rochelle, qui se rattachera à Paris, alors que la sénéchaussée de
Saintonge sera liée à Bordeaux, illustration du partage des influences entre
Nord et Midi, pour une région toutefois unifiée par sa large ouverture sur
la mer. La reconstruction sera lente, mais conduira à une nouvelle phase de
prospérité au début des Temps modernes.