Inventée à la fin du 19e siècle par l'administration britannique en charge de l'Empire des Indes, l'expression « Moyen-Orient » s'impose vers 1950. Elle désigne des territoires qui partagent peu de choses, elle unit d'un mot des diversités. L'Empire ottoman et l'Empire perse y exercent leur domination, mais doivent faire face à l'irruption de nouveautés importées d'Occident qui minent les équilibres existants : irruption de concepts comme la liberté, les droits individuels, la souveraineté nationale, l'État-nation voire le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Les ébranlements intérieurs, la gourmandise impériale européenne, les guerres imposent une recomposition territoriale et des adaptations locales contradictoires : le nationalisme arabe fait face au nationalisme irakien ou égyptien ; en 1924, la République turque renonce au califat et adopte la laïcité, tandis que l'Arabie conquise par les Saoud en 1925 se tourne vers le wahhabisme. Ailleurs, des réformistes musulmans reprennent l'interprétation des textes sacrés et certains proposent l'islamisme radical comme réponse à la modernité.
Dans la mondialisation qui caractérise le 20e siècle, ces territoires sont d'abord périphériques, des routes entre la Grande-Bretagne et l'Empire des Indes ; ils deviennent un centre du monde avec les découvertes pétrolières. Ils connaissent de rapides et profondes transformations internes, et certains, comme l'Iran après 1979 ou l'Arabie Saoudite, sont le centre d'un softpower.