Statistiques ethniques, communautarisme, caissières d'Ikea arborant un hijab jaune et bleu : lorsque l'on évoque en France l'approche britannique de l'immigration et de la diversité culturelle, c'est ce type de formules et d'images, renvoyant à l'idée d'un «modèle anglo-saxon», qui viennent le plus souvent à l'esprit. La Grande-Bretagne est souvent présentée comme le pays du « multiculturalisme », aux antipodes du modèle républicain français, où, au nom de l'égalité, on se refuserait à prendre en compte les distinctions d'origine nationale, d'identité ethnique ou religieuse. Au-delà de ce qui relève davantage de clichés que d'une analyse fidèle de la réalité sur le terrain, le cas britannique, qui a subi beaucoup d'évolutions contradictoires depuis le tournant des années 2000, mérite une analyse précise et contextualisée. C'est seulement en dépassant des cadres de représentation nationaux figés que l'on peut espérer éclairer utilement nos débats hexagonaux sur l'immigration, la diversité culturelle et religieuse, et l'identité nationale.