La popularité de Jack Lang ne s'est jamais démentie depuis près de vingt ans. Ministre de la culture ou de l'éducation nationale, député du Loir-et-Cher ou député européen, maire de Blois ou candidat à la Mairie de Paris, fondateur du Festival Mondial du Théâtre de Nancy, directeur du Piccolo Teatro à Milan, directeur du Théâtre National de Chaillot, le personnage a pourtant de quoi en déconcerter plus d'un. Accueilli par un préfet en uniforme au pied de la passerelle d'un avion officiel, il est lui-même en jean et en chemise rose. Monté sur un char de la Gay-Pride à Paris, il annonce quelques semaines plus tard sa candidature à la présidence de la République. Ami personnel des dirigeants les plus en vue de l'Union européenne, il n'est jamais aussi à l'aise que parmi les jeunes de banlieue.
Jack Lang n'est pas un homme politique comme les autres, son histoire personnelle lui ayant ouvert à peu près toutes les portes de la société. Il n'est pourtant pas l'iconoclaste que l'on s'est parfois plu à reconnaître en lui. Son action publique s'est toujours inspirée d'un pragmatisme jamais pris en défaut - c'est ce rare alliage entre le rêve incarné et la réalité assumée qui lui aura valu un véritable charisme - un bien d'autant plus précieux qu'il est peu fréquent à une époque où un certain discrédit pèse sur la classe politique.